Genèse projet :
Le projet Masdar est né d’un constat : en 2006, l’ambitieux plan de développement des Emirats Arabes Unis se heurtait à des problématique de consommation d’énergie, d’eau potable et d’impact sur l’environnement.
En effet, le plan de développement nécessitait 2 millions de m3 additionnels d’eau potable par jour, 75 millions de KMW/h par an, tout cela entrainant 3,5 millions tonnes de déchets supplémentaires et 300 millions de tonnes additionnelles de CO2 par an.
C’est de constat qu’est né le projet MASDAR qui appartient à l’ADFEC (Abu Dhabi Future Energy Company), entreprise privée installée à Abu Dhabi et détenue par Mubadala Development Company, fonds souverain d’Abu Dhabi.
MASDAR a ainsi été pensé comme un projet permettant de repenser totalement le développement afin de se tourner vers une croissance propre, respectueuse de l’environnement. Par ailleurs, MASDAR avait pour but d’apporter une compétence et une légitimité aux Emirats Arabes Unis afin de continuer à peser comme fournisseur d’énergie dans l’ère post pétrole.
Cette décision a été d’autant plus symbolique que les Emirats Arabes Unis détiennent près de 10% des réserves mondiales de pétrole et 5 % des réserves de gaz.
Chiffres clés | |
Taille projet | 700 ha |
Résidentiel | 52% |
Bureaux | 38% |
Commerces | 2% |
Lieux de vie | 8% |
Population | 40 000 |
Densité résidentielle | 140 pers/ha |
Pic de Densité journalier | 245 pers/ha |
Master Plan du projet :
Le master plan du site de 6 km2 a été conçu par Foster and Partners Architects et représente un mélange des principes arabes traditionnels d’aménagement et de construction et des principes novateurs en matière de production et et de consommation d’énergie.
Le projet avait pour but de devenir le premier cluster en matière de développement durable à l’image de ce qu’à été la Silicon Valley.
La ville entière est construite sur une plateforme de quelques mètres de hauteur sous laquelle se tient un réseau d’infrastructures mêlant transports propres et facilement accessibles, un réseau de fibres optiques et un réseau permettant l’irrigation, l’approvisionnement d’eau potable et le retraitement des eaux usés et des déchets.
Le master plan de Masdar prévoit une surface occupée de 6Km2, qui abritera 50 000 résidents, 1500 entreprises et près de 60 000 salariés.
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Les rues et des espaces publics ont une orientation permettant une meilleure pénétration des brises nocturnes refroidissante et une diminution de l’effet de vents chauds diurne.
La ville entière est construite sur une plate-forme d’infrastructure et de transports en commun permettant une meilleure maintenance par l’intermédiaire des points d’accès complets hauteur sous la ville plate-forme.
Les services publics installés sous la plate-forme ville incluent :
-l’énergie,
-le refroidissement /climatisation,
-gestion des eaux (potables, usées,…)
-télécommunications,
-la gestion des déchets et le recyclage.
Les bâtiments de la ville sont prévues pour être à la pointe de la technologie et de la conception pour les bâtiments résidentiels et commerciaux. Ainsi les bâtiments ont été optimisés afin de limiter le recours à la climatisation et l’éclairage artificiel.
Les normes de construction sont également au niveau de ce qui se fait de mieux.
Masdar City est également un partenaire clé dans Estidarma, le corps de l’Abu Dhabi Urban Planning Council, qui gère les politiques de développement durable des villes
ACTEURS :
Le promoteur en chef de Masdar City est la société Abu Dhabi Future Energy [ADFEC] – une filiale de la Mudadala Development Company, fonds d’investissement détenu par le gouvernement d’Abu Dhabi. Ainsi, la majeure partie des des projets initialement estimés à 22 milliards $ d’equity seront avancées ou souscrite par le gouvernement d’Abu Dhabi.
Mudadala Development Company est un fonds d’investissement dirigé par le gouvernement d’Abu Dhabi et ayant pour but de pour lancer de nouveaux projets permettant une diversification de l’émirat d’Abu Dhabi dans les secteurs non pétrolier.
Le prince héritier – Cheikh Mohammed – a été la force motrice de ce projet zéro carbone.
La première phase du projet est gérée par CH2M HILL.
La construction des infrastructures de Masdar City a été attribuée à Al Jaber Group.
Adrian Smith + Gordon Gill Architecture ont remporté le projet pour le concept et la conception du bâtiment central de Masdar Centre – le siège du projet MASADR [voir image ci-dessous].
Enfin, l’ensemble architectural du projet MASDAR a été réalisé par le cabinet international Foster and Partners.
Le Masdar Institute of Science and Technology (MIST) a par ailleurs été crée en partenariat avec le MIT aafin de devenir le premier centre de recherche de renommée internationale au Moyen Orient. Il offre aujourd’hui des MSC et des PHD dans le domaine de l’innovation énergétique, des transports propres et de l’environnement.
INNOVATIONS :
L’Aéroponie– Agriculture verticale :
Des serres et des fermes ont été spécialement conçus afin de minimiser les transports et le refroidissement des fruits et légumes. Ces Aero fermes utilisent la brume afin de cultiver des plantes dans des lieux ou les terres ne sont pas arables.
L’aéroponie permet une culture sans sol et la réutilisation de l’eau et des éléments nutritifs.
Politique Zéro déchet :
L’ensemble des déchets plastique, métaux et papier seront recyclés localement et les déchets organiques seront transformés en engrais pour les cultures biologiques ou utilisés dans l’incinération des déchets comme source d’énergie supplémentaire.
Refroidissement naturel :
Les bâtiments seront construits avec des systèmes de ventilation traditionnels et naturels, des tours éoliennes, permettant de récupérer les brises passagères afin de minimiser l’utilisation de la climatisation.
Par ailleurs, des stores et toiles solaires seront déployés afin de se protéger du soleil tout en récupérant son énergie.
L’absence de voitures dans les rues de la ville a permis la construction de rues étroites et ombragées aidant à maintenir l’atmosphère friche et permettant d’éviter l’entrée des vents brûlants du désert à proximité d’Abu Dhabi.
Energies renouvelables :
La totalité de l’énergie consommée par Masdar sera d’origine renouvelable grâce notamment à une très grande centrale photovoltaique et à la géothermie.
TRANSPORTS :
Masdar est la première ville sans voiture à énergie fossile.
Les modes de transports sont la marche à pied, le vélo, la voiture électrique mutualisée et automatisée.
Masdar est par ailleurs très bien reliée aux autres grandes villes et notamment à Abu Dhabi par des lignes de trains. Par ailleurs de très vastes parkings situées aux entrées de Masdar permettent d’accueillir tous les visiteurs et habitants devant y laisser leur véhicule.
Ainsi, si se garer à Abu Dhabi relève de l’impossible et traverser la rue n’est pas de tout repos, Masdar à au contraire été entièrement pensée pour les piétons. Ainsi, l’ensemble du réseau de transport est souterrain, ce qui incite les gens à se déplacer à pied.
Par ailleurs, la configuration des immeubles rend la promenade agréable car la lumière naturelle est présente mais la chaleur très supportable grâce aux tours à vents.
Les premières réactions des utilisateurs ont d’ailleurs été extrêmement satisfaisante et surprenante dans un pays ou le véhicule à moteur thermique est roi. Ainsi, le marché de MASDAR attire près de 15 000 personnes, la plupart venant d’Abu Dhabi et étant ravis de laisser leur voiture à l’entrée de la ville.
ETAT DES LIEUX :
Le projet MASDAR devait initialement couter aux alentours de 22 milliards USD à son lancement en 2006. Le projet devait par ailleurs être réalisé en 8 ans avec une première phase finalisée en 2009.
La crise financière de 2009 a retardé cela et la date de fin de la phase 1 est désormais prévue en 2015. Les deux autres phases devant être réalisée jusqu’en 2025.
La baisse des coûts de construction et les avancées techniques ont permis de réduire le cout et le budget a été réévalué en baisse à environ 19 milliards$.
Le Directeur de MASDAR City, Alan Frost explique que le projet peut sembler long et moins ambitieux qu’à ses origines mais qu’en réalité, MASDAR est un projet expérimental et qu’il leur a fallu prendre leur temps, apprendre de leurs erreurs et voir la réaction des premiers habitants et utilisateurs.
Le MSIT a été livré ainsi que les premières habitations. Reste que des bâtiments phares comme le siège central de Masdar n’ont toujours pas été achevés (ce dernier ayant été reporté puis son chantier interrompu afin de revoir le design).
Par ailleurs, si le projet misait essentiellement sur le solaire, la géothermie a finalement été remise en avant car son potentiel avait été sous-estimé. Il en est de même de l’éolien puisque la construction turbine à vent de 30 megawatt a été décidé après le démarrage du projet.
Les rendements des capteurs photovoltaïques ayant par ailleurs grandement évolués, il a été décidé de construire une seconde centrale photovoltaïque de 100 megawatt.
Au Final :
Longuement critiqué et qualifié par certains de mirage en plein désert, Masdar a également été sous le feu des critiques des urbanistes et économistes lui reprochant de partir d’une feuille blanche alors que les véritables contraintes mondiales sont dans l’amélioration de l’existant.
Pourtant, malgré ces critiques, le projet Masdar est aujourd’hui bien réel. Malgré les retards, le projet est plus que jamais réalité et le projet a reçu en avril 2012 la récompense du projet le plus Visionnaire au Energy Efficiency Global Forum aux états Unis. Le MSIT, en partenariat avec le MIT est de plus aujourd’hui internationalement reconnu et les Emirats Arabes Unis ont acquis une place de renom dans la recherche énergétique.
Par ailleurs, le projet, créé ex-nihilo permet de concevoir la ville du futur ( conception du sous sol et des réseaux, flux piétons,…) et de comprendre ce que serait une vie urbaine sans les contraintes de l’existant. Cela permet de mesurer l’amélioration de la qualité de vie et l’efficacité des structures lorsque l’écosystème n’est plus contraint par le bâti existant.
Par ailleurs, Masdar a montré qu’il est possible de combiner le meilleur de l’innovation (photovoltaïque,…) avec les recettes éprouvées du passé (tours à vent, ruelles,..).
Enfin, le projet a d’autant plus de mérite qu’il a été mené par un des plus importants pays producteurs de pétrole, ce qui au delà du symbolique montre bien que les énergies renouvelables ne doivent plus être perçues comme un palliatif mais bien comme l’énergie de demain.